"FILLES DE JOIE" Frédéric Fonteyne -Anne Paulicevich
« FILLES DE JOIE « Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich
La dixième édition du Ramdam Festival démarre en trombe.
Frédéric Fonteyne n’est pas un inconnu. Diplômé de l’IAD il réalise son
premier long-métrage en 1988 : « Max et Bobo ».
«Filles de joie » coréaliséavec Anne Paulicevich est son septième long- métrage.
Avec « Liaison pornographique « (1999) Frédéric Fonteyne
dirigeait Nathalie Baye et Sergi Lopez d’après un scénario de Philippe
Blasband. Cette œuvre qui évolue des fantasmes sexuels au
développement des sentiments amoureux, reste un film original ; attachant
par l’humanité des personnages, la justesse de ton des acteurs, la qualité
de la mise en scène.
« Filles de joie » film composite, apporte un surplus d’humanité dû au
point de vue d’une femme, Anne Paulicevich, compagne et scénariste de
Frédéric Fonteyne. Belle complémentarité personnelle et professionnelle.
Complémentarité aussi de deux anciens étudiants, issus d’écoles
différentes l’IAD (Frédéric Fonteyne) et l’INSAS ( Anne Paulicevich)
« Filles de joie » est un film dérangeant car il utilise plusieurs
ingrédients : la triste réalité sociale du quotidien de trois femmes
dominées par la violence des hommes, leur passivité, leurs fantasmes.
L’humour souvent cru, la dramaturgie bien construite et une fin
surprenante, immorale, mais ô combien (ré) jouissante comblent
les spectateurs de bonheur.
Les trois comédiennes, Sara Forestier, Annabelle Lengronne , Noémie
Lvovsky incarnent parfaitement la double personnalité des femmes au
quotidien et dans leur fonction de prostituée.
Leur joie de vivre ,leur complicité, leurs forces , leurs faiblesses ,leur
humanité donnent l’envie de les rencontrer…de les aimer.
Des scènes fortes marquent nos esprits
-Sarah et Noémie vengent leur amie Circé (Annabelle) manipulée par un
pervers ;
- Noémie Lvovsky mime une série de (faux) orgasmes lors d’une pause.
- Dans une scène de bain à bulles elle montre toute la tendresse qui
émane de son personnage.
Les images de Juliette Vandormael ( fille de Jaco) s’inscrivent en parfaite
adéquation avec le récit.
Elle (re)crée des atmosphères différentes en fonction des espaces filmés.
Comme sa collègue, Virginie Surdej ; ces deux femmes de l’image
contribuent à la qualité des films qu’elles accompagnent.
N’oublions pas la décoration , les accessoires , les vêtements qui
renforcent le réalisme des scènes . Une musique discrète suit certaines
séquences.
Anne Paulicevich a vécu son sujet de l’intérieur en passant près de 9 mois
dans une maison de passe ; en s’imprégnant des récits de prostituées.
Elle y est parvenue par le biais de Dodo la Saumure (le célèbre tenancier
de maisons closes) qui lui a facilité l’accès à ce domaine réservé.
« Filles de joie » , un excellent film qui expose la vie d’héroïnes du
quotidien avec une telle tendresse, un tel amour qui ne peuvent que
susciter l’adhésion.
Robert Lombaerts
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